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Le règne de la distraction : la bataille pour son plein potentiel

Vincent Beaudoin, Lac-Mégantic

Il est difficile de savoir ce que l’on veut réellement faire dans la vie. Il est encore plus difficile de savoir ce que l’on peut devenir, qui l’on est à notre meilleur. À quoi ressemblons-nous lorsqu’on a atteint son plein potentiel ? C’est une question que je me suis posée à de nombreuses reprises. En me posant cette question, j’ai remarqué que tout ce que j’avais accompli jusqu’à maintenant, je m’en savais capable, mais que je n’avais pas la moindre idée de ce dont je n’étais pas capable. Autrement dit, je ne savais pas si j’avais atteint mes limites.

Toujours en tentant de répondre à cette question sur mon plein potentiel, j’ai remarqué un sentiment de mal-être. Il m’a été difficile de cerner le problème, comme on dit « de mettre le doigt dessus ». Le temps passait et sans m’en rendre compte, je perdais une énergie folle à combattre un mal, une force qui semblait sans corps, sans forme. En quête perpétuelle du plein potentiel, j’ai vécu pendant des années avec l’impression de vivre avec une ombre à mes côtés, un étranger dont les pas se trouvaient parallèles aux miens.

J’ai utilisé ce que j’avais appris sur la méditation en voyageant pour me pencher sur cet inconfort et j’ai finalement trouvé ce qui clochait, ce qui semblait m’entourer et me ralentir sans que je puisse jamais m’en saisir. J’ai nommé ce mal : la distraction. Dans les faits, il s’agissait de nombreuses distractions, d’un assemblage de petits moments qui avaient pour effet de dissiper mon attention, de faire errer mes pensées sans que je puisse comprendre comment elles ont pris cette direction ou atteint cette destination. Ces distractions étaient innombrables dans les environnements que je fréquentais. Il y avait bien sûr les notifications sur mon téléphone cellulaire, les publicités à la télévision, à la radio, les affiches partout dans les rues, les enseignes lumineuses et j’en passe. De manière encore plus insidieuse, il y avait les annonces, les suggestions et les recommandations qui étaient préparées sur mesure pour moi et que je retrouvais dans mes applications préférées. Des heures passées sur Netflix et YouTube en plus de milliers de moments perdus sur Imgur et Facebook, j’étais cerné de toute part et à tout instant.

Lorsque j’ai identifié « la distraction », j’ai rapidement compris que tout ce qui m’entourait souhaitait obtenir mon attention. Dans mon quotidien, « la distraction » réussissait à détourner constamment mon esprit de ce que je souhaitais réellement faire. Que ce soit cuisiner un plat, jouer à mon sport favori, parfois même me lever le matin. J’avais de la difficulté à entamer ma journée avec ce que je voulais réellement faire. Je faisais partie du règne de la distraction. Comme si un boulet était accroché à ma tête et que j’étais incapable d’aller là où je voulais à la vitesse que je voulais.

J’ai donc commencé à me battre contre ces distractions. Je voulais me réapproprier ma volonté, mon esprit, et surtout tout ce temps perdu pendant lequel j’étais complètement distrait, inefficace même dans les tâches les plus simples. Les unes après les autres, j’identifiais les sources de distraction et, lorsque j’en étais capable, je les retirais de ma vie. Par exemple, je me suis désabonné des nombreuses infolettres que je recevais par courriel et des pages sur les médias sociaux qui m’envoyaient constamment des notifications. Rapidement, j’ai constaté que mon téléphone faisait moins de bruit.

Par contre, il m’était impossible de faire disparaître toutes les formes de distraction, par exemple les publicités. J’ai donc dû apprendre à faire fi de certains éléments qui m’entouraient, ignorer les distractions sur lesquelles je n’avais aucun contrôle. C’est donc devenu un combat de tous les instants, de tous les jours : me demander si ce que je faisais en ce moment correspondait réellement à ce que je voulais faire à ce moment. Je pouvais me poser cette question des dizaines de fois par jour, combattant ainsi les distractions une à une.

Au départ, ce combat me demandait beaucoup de discipline. Je suis resté vulnérable à « la distraction » très longtemps. Je ne gagnais pas tous les jours, mais chaque victoire me rendait plus heureux. C’est devenu une habitude, un réflexe, qui m’a permis de reconquérir ma tête, ma volonté, mon potentiel.

Encore aujourd’hui, je continue de me battre contre « la distraction ». Même si j’ai acquis une certaine discipline, une capacité à me concentrer sur mes souhaits réels, il arrive encore à mon esprit de divaguer sur une vidéo inutile, une image qui n’a rien d’intéressant. Je peux dire que je ne fais plus partie du règne de « la distraction ». En revanche, j’ai compris que nous sommes dans une époque, une ère, dans laquelle les distractions sont nombreuses. Il me faudra faire preuve de vigilance si je veux réussir à atteindre mon plein potentiel, mais je sais que je suis sur le bon chemin et que je progresse chaque jour.

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