Anne Brault, TES, Centre d’études collégiales de Lac-Mégantic
C’est difficile de mettre des mots sur l’anxiété. Chaque personne est unique et ressent des symptômes différents. J’ai tenté d’en identifier quelques-uns dans le poème ci-dessous, mais il en existe tellement plus. J’ai voulu illustrer ce sentiment d’incompréhension et d’impuissance qui nous envahit lors de nos premières crises d’anxiété. Pour l’avoir vécu, oui, c’est terrifiant. Souvent, nous ne comprenons pas ce qui nous arrive. Mais au fil du temps, nous apprenons à gérer notre anxiété en trouvant des solutions, des stratégies et en allant consulter au besoin. Tous ces outils nous aideront éventuellement à passer à travers cette tempête temporaire, tempête qui peut survenir à des moments inattendus et à répétition. En appliquant nos stratégies, nous apprenons à rester dans un état neutre, état dans lequel nous nous sentons en sécurité, en confiance et dans le présent.
Je me sens perdue
Perdue dans ce monde
Perdue dans mes émotions
Dans mes pensées.
Le souffle coupé de moitié
Je tente de respirer
Je tente de me centrer
Me centrer sur la réalité
La réalité qui m’habite.
Je suis en crise d’anxiété.
Les crises d’anxiété c’est comme ne plus exister.
L’impression d’être dépassée
De ne plus rien contrôler
De me laisser dériver
Dériver dans mes pensées.
Être terrifiée
Terrifiée de ne pas comprendre
Comprendre ce qui m’arrive
Pourtant ça arrive à plusieurs d’entre nous
Mais moi je n’y comprends rien
Non, je n’y comprends rien.
Ça prend du temps avant de comprendre
J’ai hâte d’enfin comprendre.
Ce qui m’arrive
Car physiquement j’y suis
Mais mentalement, je n’y suis plus.
Je ne me contrôle plus.
Je ne réfléchis plus.
Je suis présente
Mais dans ma tête, le présent n’y est pas.
Tout se bouscule
Mes pensées, mes émotions, mes peurs, mes sentiments.
Il manque de place.
Il manque de place pour faire le vide.
Je bascule donc dans cette tempête
Cette tempête qu’est l’anxiété.
C’est comme si j’avais une boule de feu dans le ventre
Mais aussi dans mon estomac
Mon estomac me crie famine
Mais je ne peux pas le nourrir
Je ne ressens plus l’envie de le nourrir
Si je mange j’ai peur de régurgiter.
Je sais que ça ne va pas passer
Comme devant un barrage
Je ne peux pas passer.
Ma gorge se sent
Serrée, bloquée, emprisonnée.
Quand la crise d’anxiété approche
C’est le même sentiment qu’une tempête
Avant la tempête
Elle m’approche
De plus en plus.
Elle s’en vient.
Je dois me préparer à me défendre
Me défendre le temps que ça durera
Je sais au moins que j’en sortirai vivante.
Même si je me prends ce vent en pleine face
Je me souviens d’une chose
C’est temporaire.
Temporaire car après la tempête vient le beau temps.
Lorsque cette vague s’approche de moi pour m’emporter
Ça me frigorifie
Complètement
Comme si je me transformais en glaçon.
Glaçon qui avec le temps apprendra à fondre
Pour revenir à l’état neutre
État dans lequel je suis habituée
Habituée de naviguer.
* Cet article a été écrit pour le compte du magazine Le p’tit journal de Woburn et est paru dans son édition de juillet-août 2023.
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