Par Léanne Alexandrie Fortier, 4e secondaire, Lambton
Lorsque j’étais petite, ma maman m’a toujours dit qu’il n’y avait pas de monstres sous mon lit, mais toutes les mères disent ça, pas vrai ? J’aurais tellement voulu que ce soit vrai pour moi. Comme lorsque j’étais enfant et qu’elle venait me voir et disait que les monstres n’existaient pas, que ce n’était que mes rêves et que j’avais trop d’imagination, alors je me rendormais. Peu à peu, j’ai grandi et je me disais à moi-même que mes rêves n’étaient pas réels, mais j’aimais bien quand ma mère venait me réconforter lorsque je me réveillais en panique parce que j’avais fait « le » cauchemar. C’était le pire de tous les cauchemars : je me réveillais dans une grande chambre vert foncé, la plupart du temps j’étais allongé sur un lit et quand je voulais me lever, je découvrais avec effroi que j’étais attachée au lit. Je hurlais tellement fort que je me faisais mal à la gorge et je laissais retomber ma tête sur mon oreiller. Quand soudain, à tous les coups, je voyais un garçon sortir du mur, il avait des cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules et lorsque je le regardais dans les yeux, je ne voyais que des orbites noires comme la nuit. Il me détachait toujours et lorsque j’étais libérée, il disparaissait dans le mur avec un sourire carnassier. Je me levais doucement en regardant partout pour voir s’il allait revenir. Chaque fois que je levais la tête, j’avais l’impression d’être observée et chaque fois que je regardais devant moi, j’avais l’impression malsaine que quelqu’un suivait le moindre de mes gestes. J’ouvrais la porte et m’enfonçait dans le grand couloir noir devant moi, mon souffle était sifflant et la peur débordait de tous mes pores de peau, mes pieds nus collaient sur le sol froid et métallique. Je marchais dans l’espoir de trouver quelqu’un qui pourrait me faire sortir de cet étrange endroit, mais il n’y avait personne. Je criais dans l’espoir que l’on me réponde, mais rien, je continuais mon chemin dans le silence toujours avec l’étrange sensation d’être observée. Mon cœur battait à tout rompre et je supposais que le stress se voyait sur mon visage. Soudain, les couloirs se teintaient d’une lumière rouge et une alarme assourdissante me perçait les oreilles. Je me concentrais sur la voie électronique pour comprendre ce qu’elle disait.
Attention ! Attention ! Le sujet K36 s’est évadé ! Attention ! Attention !
Elle répétait toujours la même chose assourdissante. Je me mettais à courir, j’ignorais pourquoi, mais je le faisais. Je courais dans le couloir rouge dans l’espoir de trouver une sortie, mais mon corps ne m’obéissait pas, il courait, c’est tout. Je me retrouvais bientôt devant une impasse, mes cheveux me collaient à la peau et une sueur froide me coulait dans le dos. Je me retournais et entendais à nouveau la voix électronique crier quelque chose.
Le sujet K36 a été localisé dans la section L28. Attention il est dangereux !
Je rebroussais chemin le plus vite possible, je courais toujours dans les grands couloirs sombres teintés de lumière rouge. À bout de souffle, je m’assoyais sur le sol, quand soudain, j’entendais des voix lointaines ainsi que des bruits de pas qui se rapprochaient de plus en plus vite. Je me relevais en toute hâte et me remettais à courir. Je courais, courais si vite, mon cœur battait encore plus fort et des larmes me coulaient sur les joues. Et lorsque je me retournais, je voyais des hommes en uniforme blanc avec des fusils. Puis je me réveillais… puis je me réveillais, mais pourquoi je ne me réveille pas hurlais-je à moi-même. Mon rêve finissait habituellement là. Je continuais de courir dans l’espoir de leur échapper et de me réveiller. Je continuais ma course folle, mais rien à faire, je ne me réveillais pas. Je lançais un regard désespéré derrière moi. Les soldats me suivaient encore, mais que me voulaient-ils ? La sueur coulait sur mes épaules et ma gorge était en feu, mais je devais continuer, pour rester en vie, soudain je tombais sur le sol. Je me retournais et une femme, ma mère, me lançait un regard rempli de sarcasme. Mon cœur battait si fort, j’avais tellement peur. Je rampais jusqu’à un coin ou je me repliais mes genoux sur mon torse et murmurais :
– Ce n’est qu’un rêve, ce n’est qu’un rêve.
Toujours et encore en répétition, ma mère, ou plutôt la femme qui ressemblait à ma mère, posait une main sur mes genoux et me disait doucement :
– Non ma chérie, le rêve est fini, tu ne rêveras plus jamais.
Avant que je ne puisse dire un seul autre mot, elle posait un fusil sur ma tempe. Je ne sentais pas la mort venir me chercher, seulement la froideur de la balle qui pénétrait mon crâne d’un coup et qui traversait ma tête. Voilà ma mort ! Voilà mon rêve !
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