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  Une année particulière
Léa Isabel, 2e secondaire, Lac-Mégantic
Pour moi comme pour vous, 2019-2020 a été une année bien particulière. Un aspect que tout le monde a vécu est, bien sûr, la pandémie. Imaginez comment la vie aurait été différente si l’on n’avait pas mangé de chauve-souris... Pour moi, les 366 jours de l’année 2019-2020 ont été très particuliers, car ma belle-mère, qui se prénomme Marie-Pier, n’était pas là du 10 novembre 2019 au 10 novembre 2020. Pourquoi? Eh bien, ce que vous devriez savoir à propos d’elle, c’est qu’elle est policière. Il y a quelques années, elle a donné son nom pour avoir la chance de participer à une mission de l’ONU. Devinez quoi? Elle a été choisie!
La mission
La mission était au Mali, en Afrique. Si vous recherchez « voyage Mali », vous allez recevoir des avertissements et des conseils, car là-bas, pauvreté, kidnapping et conflits armés sont au rendez-vous! Le problème, là-bas, c’est en grande partie les terroristes, mais ce n’est pas si simple. Le réchauffement climatique assèche les terres donc, ils perdent des terres agricoles. Avant, tout le monde avait leur terre, mais maintenant, ils empiètent sur les terres des autres pour pouvoir se nourrir et pratiquer l’agriculture. Ça a donc mené à des conflits armés. Les Maliens sont tellement pauvres, que si on leur offre de terroriser, ils vont accepter, car ils veulent nourrir
leur famille. La mission était donc d’enseigner aux policiers maliens comment prendre en main les terroristes. Malgré tous ses côtés négatifs, le Mali
a toujours plein de belles choses à voir, comme Djenné, le fleuve Niger, etc.
Été 2019
Pendant l’été 2019, ma belle-mère s’est bien préparée. Elle s’est absentée pendant trois semaines pour des entraînements. Un des entraînements auquel elle a participé était un kidnapping. On leur apprenait comment sortir du coffre d’un camion, comment se détacher et ils ne faisaient pas que de la théorie, mais aussi de la pratique. Pendant ces trois semaines, mon père ma sœur et moi sommes allés la voir une fin de semaine. C’était quand même long, deux semaines sans la voir. Je n’arrivais pas à imaginer un an complet... Vers le début de l’école, ses entraînements étaient finis. Elle a alors fait ses bagages! Elle a fait une liste
complète de tout ce qu’elle voulait apporter. Si jamais elle oubliait quelque chose, elle devrait attendre trois mois avant que mon père et elle partent en voyage et qu’il puisse lui apporter. Marie-Pier
est finale-ment partie avec quatre ou cinq grosses poches bleues que l’ONU, aussi appelée Casques bleus, leur fournissait.
L’année complète
L’année fut assez longue, je
l’avoue. J’écris présen-
tement ce texte le 10 novembre 2020. Laissez- moi vous résumer sa mission. Le Mali, c’est différent. À cause de la sécheresse, il n’y a pas vraiment de légumes ou de fruits. Elle dit que le brocoli est ce qui lui manquait le plus. Moi, je pense que ce qui me manquerait le plus, c’est le fast-food. Une année sans pizzas, sans hamburgers, sans friture bref, c’est dur à imaginer. Bien sûr, quand elle est allée en Italie, à Londres et en Guadeloupe, elle a pu en manger du fast-food. Il y en avait à chaque coin de rue! Mais, des restaurants qui servent des brocolis, c’est plus rare, je vous l’accorde.
En Afrique, les gens sont moins stressés, la vie est belle! Je me souviens d’une anecdote qu’elle nous a racontée un jour. Ils regardaient la sécurité de la base militaire et ils se demandaient s’ils allaient se faire attaquer. Un boss malien a dit « Inch'Allah » ce qui se traduit par « Si Allah le veut ». Il y a une semaine, elle n’avait pas encore son billet d’avion pour le retour! Là-bas, tu demandes quelque chose une
semaine d’avance et tu es trop stressé.
Ma belle-mère vivait sur une base militaire et elle avait un petit conteneur comme chambre. Sa chambre était pleine de sable, il y avait parfois des lézards et elle avait une voisine de chambre qui se chicanait toujours fort avec son mari! Elle appelait mon père chaque jour, ou presque. Mais ma sœur et moi lui parlions moins souvent, car une semaine sur deux, on était chez notre mère. La semaine, elle parlait à mon père le matin (heure du Canada, pas du Mali) et on n’était pas réveillées, la fin de semaine, ça dépendait. Il faut que vous sachiez qu’il y a une différence de cinq heures l’hiver et de quatre
heures l’été. Elle s’est fait de bons amis là-bas. Elle nous appelait parfois à une heure du matin chez elle (sept ou huit heures chez nous), car elle avait passé la soirée avec ses
amis.
Je l’ai vue une fois cette année. Vers décembre ou janvier, elle est partie en Guadeloupe avec mon père. Au début mars, mon père et moi sommes allés la rejoindre en Italie. Malheureusement, la COVID-19 a frappé et on n’a pas pu aller dans le nord de l’Italie, comme on avait prévu donc, on est allés à Londres, où elle gelait! Elle était habituée aux cinquante degrés Celsius alors qu’il faisait huit degrés là-bas. Elle s’est vite acheté une tuque, je peux vous le dire! On était censés se voir aussi deux fois dans l’été. Ça fait plus de six mois qu’elle ne m’a pas vue, quant à ma sœur, un an! (Ma sœur ne voulait pas aller en voyage, c’est pour ça.) Elle va voir comme on
a grandi!
Cette année a été vraiment spéciale pour nous tous... Mon père n’a pas eu sa partenaire pendant un an. C’est quand même quelque chose. C’est comme quand il venait de se séparer de notre mère, il était un peu rendu célibataire avec deux enfants... sauf qu’il avait une blonde au Mali! Quant à moi, je n’ai pas eu ma partenaire de jeu pendant cinquante-deux semaines. Notre truc à nous, c’est de jouer à des jeux de société. On jouait au moins une fois par semaine! Par contre, ma sœur et mon père ne raffolent pas des jeux de société comme ma belle-mère. J’ai vraiment hâte de jouer avec elle! Comme je l’ai déjà précisé, j’écris ceci le 10 novembre. Après avoir fini d’écrire ce texte, je vais ranger mon ordinateur et commencer à préparer mes affaires pour aller chez ma mère. Marie-Pier revient demain!
Au moment où j’écris ces lignes, elle est dans un avion du Mali vers Paris, pour ensuite prendre un avion de Paris vers le Canada! Malheureusement, puisqu’elle revient en temps de COVID-19, je ne pourrai pas la voir avant deux semaines, le temps qu’elle fasse une quarantaine. Mais quand on y pense, qu’est-ce deux semaines comparées à un an?
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 ZIGZAG La voix des jeunes de la MRC du Granit Secondaire-Expériences de vie
 








































































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